Vous
ne savez jamais avec précision quand la grande faucheuse viendra frapper votre
nuque de son couperet glacial.
A
propos de ce jour dont j'ignore la date mais que j'espère lointain, je nourris
l’espoir, sans doute aussi vain que celui de gagner à la loterie, qu'il survienne
un 9 novembre.
Le
tapis de feuilles jaunies qui recouvrent alors les cimetières y est encore
parsemé des chrysanthèmes déposés sur les tombes quelques jours auparavant, en
plein cœur d'un automne qui file, tambour battant, vers l'hiver. La vie, comme
la lumière, recule inexorablement vers les tréfonds de la mort, se vide de son
éclat, décline.
Le
9 novembre a vu arraché au monde des vivants l’indéracinable général de Gaulle,
ce vieux chêne comme l’appelait Malraux, et l’inimitable Yves Montand, qui
faisait virevolter les feuilles mortes dans une douce mélodie. Tous deux
trônent dans mon panthéon personnel. Ils gisent dans ma crypte secrète. Me
recueillir sur leur tombe respective, à Colombey-les-deux-Eglises et au Père
Lachaise, m’a toujours empli d’émotion.