Cinquante ans
après la première des cinq victoires du « roi Eddy » sur le Tour de
France, la Grande Boucle s’élancera ce week-end de Bruxelles qui lui a toujours
fait les honneurs d’une ferveur incandescente et rarement démentie : c’est
que l’épreuve évoque, pour chacun d’entre nous, de 7 à 77 ans – pour reprendre
l’antienne d’une revue bruxelloise -, un lot de souvenirs dont le récit a fini
par se fondre dans un imaginaire collectif dont la société individualiste
manque tant.
Le Tour de
France ne serait rien sans les souvenirs et les anecdotes contés par nos aînés
: la première victoire d'Eddy Merckx quelques heures avant que Neil Armstrong
ne posât un premier pas sur la lune - en Belgique, nous ne savons d’ailleurs toujours
pas lequel des deux événements fut le plus important à l’échelle de
l'humanité... ceci dit, avec un peu de "zwanze", cet humour
typiquement bruxellois, le triomphe du Cannibale fut probablement un pas autrement
plus significatif -, la rivalité picrocholine entre Gino Bartali, représentant
de l'Italie rurale et catholique, et Fausto Coppi, adulé par la Botte
industrieuse et socialiste, la fin tragique de Tom Simpson sur les pentes
du Ventoux, les commentaires du vibrionnant Luc Varenne, l'insolence de
Jacques Anquetil et l'éternelle seconde place d'un Raymond Poulidor à jamais
maillot jaune des coeurs.