Désormais,
ils « gèrent » ou, nuance qui a toute son importance, tentent de gérer.
Gérer la menace terroriste. Gérer les flux de migrants. Gérer les déséquilibres
budgétaires. Gérer la dette. Gérer la sécurité. En réalité, dépassés par les
événements, ils ne gèrent plus rien. Alors, les hommes au pouvoir pansent les
blessures.
Depuis plusieurs décennies, la
mondialisation a produit ses effets négatifs en cascade : suppression des
frontières, économiques et géographiques, pauvreté accrue, importation des
conflits au coeur de quartiers dépassés par le cosmopolitisme, terrorisme, dumping, délocalisations. Et bien d’autres
conséquences, dont l’exhaustivité du recensement nécessiterait de noircir des
pages entières.
L’établissement des
responsabilités pointe les hommes politiques nationaux qui ont abandonné leur
pouvoir. A l’Europe. Aux multinationales. A tout le monde, sauf aux peuples. Traînant
avec eux leur pharmacie, ils appliquent donc des compresses sur les plaies
béantes affichées par les perdants du monde sans frontière, emmènent dans les
ambulances les blessés de guerre d’un genre nouveau, ceux du terrorisme, jouent
au psy et à la nounou pour apaiser les écorchés de la vie.
En politique, la théorie du « care » a fait florès au crépuscule de la première décennie du présent siècle. En son temps, Martine Aubry, inspirée par les féministes américaines, avait fait de la « politique du soin » le leitmotiv qu’elle porterait en bandoulière. La Première secrétaire du Parti socialiste français ignorait encore qu’elle tomberait elle-même au champ de bataille, terrassée par François Hollande.
Aujourd’hui, la théorie du soin n’a plus rien de prophylactique. Les dirigeants le savent. Ils doivent désormais guérir, mais ne possèdent ni les médicaments, ni les vaccins, ni les défibrilateurs nécessaires à la guérison.
Montaigne, parmi les génies enfantés par l’Occident, avait, dans ses Essais, anticipé la situation : “Nous troublons la vie par le soin de la mort ; l'une nous ennuie, l'autre nous effraye.” Désormais, c’est la mort qu’il faudra panser. Et penser. Car elle commence à frapper à nos portes. Paris n’en est qu’un des premiers théâtres.
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