samedi 2 février 2019

Le véganisme, ce nouvel intégrisme

Le véganisme ne susciterait guère de débat et ferait office de simple bizarrerie contemporaine s'il se cantonnait à un écheveau de pratiques alimentaires, culturelles et cosmétiques ayant pour dénominateur commun le refus, pour soi-même, de consommer tout produit d'origine animale. Or, en imposant - ou en tentant d'imposer- leur mode de vie à l'ensemble de la société, les activistes vegans sont aujourd'hui assimilables aux fondamentalistes religieux refusant la laïcité et le cantonnement de leurs pratiques dans la sphère privée. Pis, en utilisant l'intimidation et la violence, ils rangent leurs actions dans la catégorie du terrorisme.

Les bouchers font ainsi, de plus en plus fréquemment, l'objet de menaces et d'attaques, au point, dans certains cas, de devoir demander une protection policière.  Pour avoir moi-même dénoncé les actes de violence proférés par les anti-corrida, je fus l'objet de menaces de mort similaires à celles que je reçus de partisans de l'Etat islamique : dans un cas, les photos qui me furent envoyées pour me promettre le même sort furent celles de taureaux vaincus, dans l'autre, d'Occidentaux décapités - la corrida est pourtant un spectacle accordant au taureau sacrifié les vertus transcendantales du sacré lié à une tradition puisée dans l'héritage des siècles. 

En réalité, tous les éléments de l'idéologie vegan sont ainsi posés : comme avant elle la repentance à outrance, le gauchisme culturel, le relativisme culturel, le féminisme, la théorie du genre, et tant d'autres phénomènes castrateurs, elle vise, au nom de l'égalité (en réalité égalitarisme), à terrer l'homme dans la haine de soi consubstantielle à toute période décadente.

En d'autres termes, le vegan n'a d'autres visées que de déchoir l'homme pour le porter à hauteur d'animal, alors que les vrais amoureux des animaux se contentent de les respecter sans les élever au rang d’idéologie : dans les pratiques et la symbolique, il y a chez l’activiste de la cause animale quelque chose rappelant la ferme des Animaux, sauf que, dans le roman d’Orwell, la disparition de l’homme est décidée par les animaux et non par l’homme lui-même. Si les vegans sont souvent antispécistes – ne validant aucune hiérarchie entre les espèces-, ils éprouvent en revanche, assez paradoxalement, aucune réticence à accorder moins de valeur à un homme qu’à une fourmi.

Les hiérarchies existent, aussi bien pour les civilisations que pour les espèces, et sont basées sur l'évolution se traduisant par l'accès à la conscience, le développement de l’intelligence individuelle et collective, la vie en société, la culture : à cette aune, on peut et doit distinguer parmi les quatre grands règne : minéral, végétal, animal et humain – auquel notre civilisation a ajouté, des siècles durant le divin. Si l’animal doit être respecté et toute maltraitance condamnée et si j’ai moi-même une nette préférence pour les requins et les aigles – allez savoir pourquoi-, l’on ne saurait placer un trait d’égalité entre l’homme et l’animal.

En d’autres termes, tant qu’un animal ne pourra échanger sur la pensée de Nietzsche, théoriser sur les rapports économiques ou concevoir le divin, je préférerai toujours la compagnie des hommes - mais peut-être est-ce parce que l’homme moderne n’est plus capable non plus de deviser sur ces sujets qu’il ne lui reste, comme cause à défendre, que celle des animaux : il suffit pour s’en convaincre d’écouter la logorrhée vide et le style hystérique des vegans invités sur les plateaux de télévision.

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