mercredi 2 juillet 2025

Wimbledon, l'élégance à l'anglaise

En plein coeur d'une époque qui pèche trop souvent par défaut d'élégance, Wimbledon est l'un des tout derniers bastions où la tradition résiste à la modernité. A l’écart d'un monde devenu fou, le All England Club, antre de la compétition, est un havre de paix où les balles que l'on s'échange sont jaunes et n'ont d'autre objectif que celui de tuer les illusions de l'adversaire ; rétif à la déconstruction de tous les repères, le tournoi londonien résiste aux progressistes zélés ; comme pour défier le temps qui défile, la quinzaine pose son ancre sur la vie.  

Les tenues blanches tranchent avec les accoutrements criards de l'époque et, dans leurs uniformes immaculés, les joueurs rivalisent d'une classe qu'aucun défilé de mode sans doute n'égalera : a-t-on d'ailleurs jamais vu homme plus élégant que Roger Federer entrant sur le court en costume nivéen ou - pardonnez-moi ce jugement peu dans l'esprit du temps - femme plus belle que Maria Sharapova dans sa robe blanche ? Les rythmes binaires de la musique moderne sont remplacés par le bruit sourd des échanges qui perturbent à peine le flegme des spectateurs. La chaleur pose son dôme en plein coeur d'un été à propos duquel on pense encore naïvement qu'à l'instar de l'enfance ou des moments heureux, il ne terminera jamais.