Le Provence était
mauve comme un arpent de lavande se languissant au soleil, le
Nord-Pas-de-Calais gris comme un terril noyé par l’averse, voici les deux
régions blondes comme les blés. Le sud de la France était bleu Estrosi, le nord
rouge Aubry, les voilà bleu marine. Si la victoire des Lepen tante et nièce est
compromise dans leurs régions respectives, en raison du front républicain,
sorte de contre-Front pour « gens biens », l’avenir semble néanmoins leur
appartenir.
Comme un symbole,
dimanche dernier, les costumes bleu marine et impeccablement taillés de David
Pujadas et de Laurent Delahousse étaient assortis aux résultats du scrutin. A
l’annonce de ceux-ci, alors que la bienséance démocratique eut exigé de ma part
stupeur et tremblements, j’avoue ne pas avoir esquissé le moindre mouvement
d’humeur. Ni sursaut d’angoisse, car on ne me la fait plus, depuis les parades
« antifascistes » de 2002 lorsque le patriarche du clan s’était hissé, contre
toute attente, au second tour de la présidentielle. Ni bonds de joie en voyant
le sourire carnassier de la madone et le minois espiègle de la benjamine
s’affirmer davantage qu’à l’accoutumée.